La tension s’exacerbe sur les marchés obligataires et les T-Bonds apparaissent comme les principales victimes de l’affrontement commercial dans lequel s’engagent sans retenue Washington et Pékin : les deux disposent des moyens de faire mal à l’adversaire, avec un risque de gel des exportations chinoises sans lesquelles l’économie US ne pourrait pas longtemps fonctionner.
L’escalade s’est poursuivie ce vendredi : la Chine vient d’annoncer en matinée qu’elle porterait ses droits de douane additionnels de 84% à 125% sur les biens US à compter de demain.
Mais n’est-ce pas la Chine -c’est juste une question que se posent les observateurs- qui mettrait la pression sur les T-Bonds, et par voie de conséquence sur un Dollar qui dévisse de -5% en 48H face à l’Euro (un écart sans précédent depuis… octobre 1998).
La situation devient dangereuse pour le Trésor US qui encore 7.200Mds$ à refinancer d’ici fin 2025: le rendement des Treasuries américains à dix ans, qui remonte à près de 4,55% (+16pts ce vendredi +55Pts en ‘hebdo’), le ’30 ans’ +8Pts à 4,925% (après un ‘pic’ à 4,974%, soit +35Pts en ‘hebdo’, et une rémunération au plus haut depuis fin octobre 2023).
Sur le front des statistiques, rien qui puisse rassurer les créanciers des Etats Unis : le moral des ménages américains s’est dégradé de -6,2Pts vers 50,8 en avril, c’est le quatrième mois consécutif de dégradation.
L’enquête mensuelle de l’Université du Michigan fait apparaître que la composante du ‘jugement des ménages’ interrogés sur leur situation actuelle a chuté de -7,3Pts, à 56,5, après 63,8 le mois dernier, tandis que celle mesurant leurs perspectives s’est contractée à 47,2, à comparer avec 52,6 en mars.
Joanne Hsu, l’auteure du rapport, souligne que l’UMich a désormais perdu plus de 30% depuis décembre dernier, notamment du fait des inquiétudes ayant trait à l’escalade de la guerre commerciale en cours.
La proportion d’individus envisageant une hausse du chômage s’est de son côté accrue pour le cinquième mois consécutif pour atteindre un plus haut depuis 2009.
Quant aux anticipations d’inflation à un an, elles remontent en flèche à 6,7%, contre 5% un mois plus tôt, marquant un nouveau pic depuis 1981
Seul petite touche de ciel bleu, le Département du Travail (DoL) fait savoir que les prix à la production aux Etats-Unis ont diminué de 0,4% en mars par rapport au mois précédent, mais augmenté de 0,1% en excluant l’alimentation, l’énergie et les services commerciaux.
Le DoL précise qu’en mars, plus de 70% de la baisse de l’indice pour la demande finale peut être attribuée aux prix pour les biens, en recul de 0,9%, tandis que ceux pour les services ne se sont tassés que de 0,2%.
Exprimée en variation annuelle, la hausse des prix producteurs a ralenti de 0,5 point à 2,7% le mois dernier en données brutes, et dans une bien moindre mesure (-0,1 point à 3,4%) hors alimentation, énergie et services commerciaux.
En Europe, le taux d’inflation en Allemagne – mesuré comme la variation sur un an de l’indice des prix à la consommation (IPC) – a été confirmé par Destatis à +2,2% en mars, en légère baisse donc par rapport à celui de +2,3% de février, conformément à l’estimation préliminaire.
Plus calmes que les T-Bonds, les OAT se détendent de 1Pt vers 3,35%, le Bund reste quasi stable à 2,568%, aussi bien sur la séance du jour que sur la semaine… soit un écart de -50/-55Pts par rapport aux T-Bonds US.
Les ‘Gilts’ britanniques, en grande difficulté depuis des mois, encaissent mal la tension des taux longs US : le ’10 ans’ bondit de +16Pts vers 4,800% et se rapproche dangereusement du zénith annuel des 4,900% du 13 janvier.
Le ‘fait du jour’ reste certainement la poussée de fièvre -ou des évolutions chaotiques- observées sur le FOREX, avec un Dollar qui plonge de -5% face à l’Euro en 48H et -6% face au Franc suisse (du jamais vu depuis octobre 1998).
L’Euro se calme un peu et réduit ses gains à +1,3% vers 1,133 (après un zénith à 1,1470).
Pékin laisse le Yuan s’enfoncer face aux principales devises : il perd 6% sur la semaine vers 8,28… et il a même glissé vers 8,39 en intraday.
Il calque littéralement sa trajectoire sur celle du Dollar… ce qui est complètement orchestré puisque la Chine pratique un régime de changes administrés.
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