Marché de l’art
Art/Basel annonce la création d’une cinquième foire à Doha
La première édition aura lieu en février 2026. Un partenariat a été conclu avec Qatar Sport Investments. Ça sent le fric!

Le sigle d’Art/Basel, apposé sur la Messe de Bâle.
Art/Bael.
L’appétit vient en mangeant. C’est en tout cas ce que disait ma grand’mère. Art/Basel n’a pas encore vraiment digéré son extension parisienne, obtenue dans le Grand Palais pour sept ans au détriment de la FIAC. Et pourtant il annonce en ce mardi 20 mai 2025 son intention de créer une nouvelle foire à Doha. Autrement dit au Qatar. Ce sera la cinquième de la série. Après Bâle créé en 1970, sont tardivement venus Hong Kong, puis Miami. Paris prenait le numéro quatre. Personne ne sait si la nébuleuse va s’arrêter là, alors que le marché de l’art toussote en ce moment. Cela dit, il avait atteint des hauteurs telles qu’un redressement s’imposait, comme on dit à propos de la Bourse. Pensez que dans ma jeunesse un seul million de dollars pour un tableau restait une somme colossale!
«Une vitrine exceptionnelle»
Pourquoi Doha? On se demande si la question mérite vraiment de se voir posée. C’est là où se trouve l’argent. MCH Group, l’organisateur suisse de foires et salons, avait donc tout intérêt à s’allier à Qatar Sport Investments (QSI), propriétaire entre autres du PSG ou Paris Saint Germain. Si l’art se retrouve aujourd’hui cul et chemise avec le luxe, il peut aussi le devenir avec le sport spectacle. Il suffit pour cela d’allonger le pantet (1). L’événement offrira ainsi «une vitrine exceptionnelle aux galeries et talents artistiques de renom du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord, d’Asie du Sud et d’ailleurs.» Pour Nasser Al-Khelaïfi, le président de QSI, «le sport et la culture partagent la faculté unique de rassembler des individus.». La région va ainsi connaître «une nouvelle dynamique en attirant des investissements supplémentaires vers une institution culturelle de premier plan.» Le Qatar a déjà «constitué des collections exceptionnelles» et créé «des musées d’importance mondiale».
Frieze et la TEFAF dépassées
Pour Art/Basel, c’est apparemment tout bénéfice. La méga foire prend une longueur d’avance supplémentaire sur Frieze et la TEFAF, cette dernière ayant déjà dû supprimer l’un de ses deux rendez-vous annuels à York. Reste que la foire a perdu de son âme depuis l’entrée en 2020 de James Murdoch comme actionnaire minoritaire (38, 52 pour-cent tout de même!). Les anciens ne s’y retrouvent plus devant cet étalage assez vulgaire de gros sous. En plus, comme me l’a une fois soufflé un grand marchand international, la multiplication des éditions a fini par tuer l’événement principal. Bâle n’est aujourd’hui plus que le magasin père d’une chaîne à succursales multiples. Galeriste à l’ancienne et cofondateur d’Art/Basel en 1970, Ernst Beyeler pensait même qu’un établissement comme le sien ne devait pas essaimer. Sa grande force restait selon lui d’obliger les gens à venir à Bâle. Ces temps-là sont sans doute révolus. Le premier Art/Basel Doha se déroulera donc en février 2026.
(1) Le pantet est le pan arrière de la chemise. Celui que l’on plaque sur ses fesses.
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