Après une fin d’année 2024 en fanfare, le marché européen des ETF débute 2025 sur un rythme toujours soutenu, quoiqu’en très léger repli. Selon les données compilées par Trackinsight, la collecte a atteint 86,7 milliards d’euros sur le premier trimestre de l’année (pour un encours de 2090 milliards), à quelques encâblures des 89,7 milliards du quatrième trimestre 2024. Mais les flux prennent des chemins bien différents d’une période à l’autre.
Les « Trump trades », qui avaient alimenté une explosion de la demande pour les ETF d’actions américaines, se sont taris au fur et à mesure que le nouveau locataire de la Maison blanche déployait sa politique de hausses tarifaires et de distanciation vis-à-vis de l’Europe. Alors qu’ils avaient frôlé les 55 milliards d’euros de collecte au quatrième trimestre, les ETF d’actions américaines n’ont capté que 8,9 milliards en ce début d’année. Dans le même temps, les véhicules adossés à des actions européennes au sens large sont passés d’une décollecte de 2,6 milliards à des souscriptions nettes positives de 27,1 milliards, malgré les sorties des ETF d’actions britanniques pour 1,2 milliard. 4,7 milliards se sont dirigés vers des véhicules intégralement exposés à la cote allemande. Les actions chinoises se redressent également pour atteindre 4,2 milliards.
Les ETF obligataires ne sont pas épargnés par ces secousses. Leur collecte progresse de 3 milliards d’euros sur fond de hausse des taux longs, pour atteindre 14,3 milliards. Mais là où, au quatrième trimestre, l’Europe captait l’essentiel des flux géographiquement ciblés (5,7 milliards contre 120 millions pour les Etats-Unis), la balance s’est quelque peu rééquilibrée début 2025, avec 4 milliards pour les premiers et 2 milliards pour les seconds. Ce sont notamment les véhicules de dettes souveraines qui en profitent (5,8 milliards), ceux dédiés au crédit restant un peu plus en retrait (2,7 milliards).
L’essor des ETF actifs face à un léger tassement
Le premier trimestre de l’année s’est également traduit par un très net ralentissement de la collecte des ETF ESG. Alors que ces derniers attiraient encore 18,3 milliards d’euros fin 2024, soit 20 % des flux totaux, les souscriptions n’ont pas dépassé ce trimestre 7,4 milliards, pour une part tombée à 9 %. Les ETF actifs ont également marqué le pas, quoique dans une moindre proportion : les souscriptions sont passées de 7,2 à 5,2 milliards, soit 6 % seulement des flux contre 8 % auparavant.
Dans cet environnement chahuté, un acteur tire très nettement son épingle du jeu : BlackRock (iShares). Le géant américain engrange 31 milliards d’euros ce trimestre (contre 25 milliards le précédent), distançant ses poursuivants plus largement que fin 2024. Profitant d’un moindre dynamisme de DWS (XTrackers), dont la collecte baisse de près de 4 milliards d’euros à 9 milliards, Amundi se glisse en deuxième place du marché avec près de 10 milliards. Le Français est suivi de très près par Vanguard qui voit sa collecte bondir de 7,2 à 9,4 milliards d’un trimestre à l’autre. SPDR accuse un fort ralentissement, avec seulement 4,3 milliards de souscriptions contre 11,2 milliards précédemment. Enfin, outre Amundi, le trimestre est plutôt porteur pour les autres acteurs français : BNP Paribas AM redresse le cap et quadruple sa collecte (2,7 milliards), tandis que le challenger Axa IM capte 170 millions. Même Ossiam sort du rouge dans lequel il était enfermé depuis de longs mois et attire quelque 300 millions d’euros.