En découvrant “l’explosion” du montant de leurs charges sur les dernières factures émises par leur bailleur social, certains locataires de la Maurelle ont fait des bonds.
Et puis l’incompréhension des uns a rencontré la grogne des autres, jusqu’à prendre la forme d’un mouvement collectif dans cette petite cité située entre le centre-ville et les Sablettes, et comptant 262 logements répartis en sept bâtiments.
La semaine dernière, plus d’une cinquantaine d’entre eux se sont donné rendez-vous au pied des immeubles, dans le parc fraîchement tondu: “Enfin!, lâche ce résident, en voyant que ça commençait à chauffer, comme par hasard THM a envoyé une entreprise d’entretien des espaces verts, il y a quelques jours.”
Lui et les autres espèrent beaucoup de ce rassemblement, auquel s’est jointe la très attendue Céline Ivaldi, présidente de l’Amicale du Messidor, souvent en première ligne dans la défense des locataires de l’agglomération toulonnaise.
Espaces verts: près de 500% d’augmentation
Les charges liées aux espaces verts, justement: “Elles ont augmenté de 492%!”, s’insurge un autre résident en brandissant des factures sur lesquelles il avait surligné les montants, avant et après l’étonnante réévaluation des charges.
Les prix du chauffage, de l’eau, celui des opérations de “maintenance diverse” ou encore de la désinfection, certes dans une moindre mesure, accusent également de sacrées hausses, parfois de plus de 100%.
“On vit en HLM, on a de grosses difficultés financières et on se retrouve à payer presque aussi cher que dans le privé”, gronde cette femme, au RSA.
“Et le pire, c’est qu’on paye plus cher pour moins de services, atteste un père de famille: moins d’entretien des espaces verts, moins de passages pour le ménage… Et le chauffage! Tu parles, cet hiver, on n’a jamais dépassé les 19 degrés!” Autour de lui, les voisins opinent.
Moisissure, fuites et ras-le-bol
De là, plusieurs locataires s’écartent un instant de l’épineuse question des charges pour vider leur sac et évoquer leurs conditions de vie au quotidien: les uns racontent la moisissure qui se répand dans leur appartement “sans que rien ne soit jamais fait”…
D’autres nous expliquent, vidéo peu ragoûtante à l’appui, être régulièrement obligés d’écoper chez eux les eaux usées provenant des logements du dessus, débordant par l’évier de la cuisine…
Et ce couple qui “n’en peut plus de vivre dans les odeurs pestilentielles”, à cause du vide sanitaire sous leur bâtiment qui se remplit continuellement malgré plusieurs opérations de pompage: “Il doit y avoir une fuite, mais personne n’arrive à la réparer visiblement”, se désole Monsieur…
Revenant au sujet du jour, Céline Ivaldi conseille aux résidents de la Maurelle de suspendre le paiement desdites charges “en attendant au moins une explication. Par contre, payez bien vos loyers, pour ne pas vous mettre en porte à faux”, leur intime-t-elle.
Puis, elle a lancé l’idée, largement approuvée, d’organiser rapidement une visite groupée devant le siège de Toulon Habitat Méditerranée, dans l’espoir que les locataires soient reçus et entendus.
THM: “Aucune volonté de cacher quoi que ce soit”
Sollicité sur ces questions, le bailleur social Toulon Habitat Méditerranée (THM), par la voix de son directeur adjoint, commence par concéder qu’”il faudrait faire une communication à l’ensemble des locataires” pour expliquer ces hausses de charges à l’origine d’une grogne qui semble gagner tout le parc. Il y a quelques jours, déjà, des habitants de la Beaucaire, forts d’une pétition de quelque 500 signatures (notre édition du 29 mai), ont été reçus par le même Jacques Vandebeulque, notamment.
“Il n’y a aucune volonté de notre part de cacher quoi que ce soit. Il ne s’agit pas là d’augmentations que nous avons décidé, réagit ce dernier. Elles ont été mises en place par les fournisseurs d’énergie. Sur la Maurelle, elles concernent l’eau chaude et le chauffage. C’est l’application de nouvelles taxes qui sont répercutées, de manière significative en effet.” Qui plus est avec la fin du bouclier tarifaire.
Recours à des sociétés privées
Ensuite: “On nous reproche d’avoir augmenté la tarification des espaces verts et de ne pas avoir le résultat escompté sur le terrain.” À cela, le directeur adjoint oppose “des conditions météo pluvieuses qui ont favorisé une repousse rapide” et explique que “le choix a été fait de ne pas repasser tout de suite, pour ne pas alourdir encore les charges”. À cela, justifie-t-il encore, “s’ajoutent des difficultés de recrutement et des arrêts maladie au sein de l’équipe d’entretien des espaces verts, contraignant THM à recourir à des sociétés privées”. Qui, visiblement, facturent généreusement.
Pour les autres problèmes soulevés, THM promet de “regarder de plus près” les cas les plus alarmants que nous lui avons rapportés. Sur l’efficacité très décriée du chauffage collectif en l’occurrence, M. Vandebeulque indique que le choix de plafonner la température à 19 degrés en journée l’hiver dernier (et de la baisser à 16 degrés entre 23h et 5h) est une décision assumée “dans un souci d’économies d’énergie”, et même “recommandée par l’État, par mesure de réduction de l’empreinte carbone”.
“Mais je ne vous cache pas que certains radiateurs sont défectueux, car emboués (ils doivent donc tourner davantage pour produire la même quantité de chaleur), particulièrement à La Seyne où le précédent bailleur n’a pas forcément assuré le suivi. Nous nous sommes engagés à les changer, mais c’est un énorme chantier: il y a plus de 30.000 chauffages à remplacer… On va commencer en 2026.” À suivre.